Il y a plusieurs choses que je trouve intéressantes dans ce que j’ai pu approcher de la culture de développement urbain et territorial allemande.
Les IBA ou Internationale BauAusstellung, ces Expositions d'Architecture, par exemple, servent d'outils de développement territorial en se basant sur des problématiques concrètes et ancrées dans le temps. Ce sont des « tests » grandeur nature de développement urbain, paysager, écologique, social et économique: de superbes laboratoires et incubateurs d’idées pour l’évolution de nos espaces de vies. IBA Ruhr (1989-1999), IBA Hamburg (2006-2013), IBA Basel 2020 pour les plus emblématiques.
Les projets d’adaptation des villes au changement climatique : inspirés je pense de Copenhague, pionnière sur ce sujet, beaucoup de métropoles et villes allemandes ont engagé des projets à long terme pour s'adapter au changement climatique et à ses conséquences (les inondations dues aux épisodes pluvieux intenses, les épisodes de canicules, les sécheresses, les îlots de chaleur)
La participation citoyenne , très ancrée dans la culture de développement des espaces de vie (exemple: Beteiligungsprozess Tempelhofer Feld). Et de ce fait, le « Gender » (la question de « l’urbain genré ») dans la ville, qui ne s’arrête pas
aux « simples » homme/femme, mais qui prend en compte les besoins de toute la société: homme, femme, enfant, mais aussi personnes âgées, personnes handicapées, personnes à besoins spécifiques, … créer une ville et des espaces pour tous en prenant en compte les différences. Le paysage est une matière plus ancienne ici, plus ancrée, ayant eu le temps de créer des branches, elle est vraiment reconnue en Allemagne (généralement dans les pays du Nord de l’Europe). Alors qu’en France, les paysagistes DPLG maintenant « concepteurs » n’accèdent pas au titre d’ Architecte - Landschaftsarchitekt/in ou Landscape Architect est usuel dans ces pays là.
Et cette différence là n’est absolument pas comprise à l’étranger…
J’entends souvent de mes différents collègues ou patrons que la France est un pays replié sur lui-même. Si les annonces officielles de concours, les sites d’agences allemandes et scandinaves sont souvent proposés en plusieurs langues, dont l’anglais, pour permettre à des étrangers de participer, les concours sur le territoire français sont souvent essentiellement proposés en français sur la plate-forme des marchés publics, dont le fonctionnement est très opaque pour quelqu’un venu de l’étranger. Inviter des experts français est un parcours du combattant, très hiérarchisé et administratif. Le souhait de créer des liens d’experts avec la France est réellement là, mais les échanges restent difficiles, le tout manquant de souplesse.