« Urbaniste... Je suis urbaniste. »
« Urbaquoi ? »
« Urbaniste. »
« Ah, comme architecte quoi. T'es architecte en fait ! »
« Non, non, urbaniste.. »
« Ah... Et...euh... t'es pas un peu architecte quand même ? »
A cette interrogation récurrente et insistante entendue par certains urbanistes de la bouche de personnes de leur entourage, fait notamment écho la plus grande notoriété de l'architecte, face à un urbaniste, à porter, incarner la conception de la ville. Aujourd'hui, les plus grands et prestigieux projets d'urbanisme sont portés par des architectes visionnaires. Pourtant, urbaniste et architecte sont complémentaires afin de concevoir la ville de manière équilibrée. L'urbaniste se distingue – lui aussi – à travers certains fondamentaux. Petite plaidoirie en 7 actes - 7 différences essentielles - pour prendre la défense de l'urbaniste ! Sans pour autant renier les indéniables et excellentes qualités de nos meilleurs amis/ennemis architectes.
7 différences architecte/ urbaniste
1° L'urbaniste est censé avoir une vision large de la ville, ne pense que rarement à l'échelle du bâtiment mais davantage à celle du quartier et de la ville, cette échelle de réflexion est son essence même. Alors que l'architecte focalise avant tout son attention sur les échelles du bâtiment et de son environnement proche, ce qui est naturel vu que l'architecte conçoit le bâtiment en lui-même... et parfois ce qu'il y a autour.
2° L'urbaniste a une vision à long terme, du point de vue des usages, du fonctionnement de la ville. Au cœur de la réflexion urbaine, il y a toujours cette question : ce projet est-il pérenne ? Les habitants parviendront-ils à se l'approprier ? Quel sera son devenir dans 20 ou 30 ans ? L'architecte y pense également largement, mais c'est là encore l'essence même de l'urbaniste d'y veiller.
3° L'urbaniste joue le rôle de coordonnateur du projet urbain, s'il ne dispose pas de toutes les connaissances il coordonne les prestataires (architectes, ingénieurs, bureaux d'études, entreprises de bâtiment) qui les exécutent. Ou plutôt il essaye de le faire !
4° Qu'il exerce ou non sa profession dans le secteur public, l'urbaniste est presque toujours lié dans le cadre de ses missions, aux collectivités et aux décideurs publics... et donc politiques. Là où l'architecte peut n'exercer que pour des particuliers ou des entreprises, par choix.
5° L'urbaniste est formé le plus souvent à l'université voire en école d'ingénieur. Une formation plus généraliste qui lui permet d'ouvrir son champ de vision et sa curiosité à de nombreux domaines connexes à l'urbanisme, sans pour autant être nécessairement un expert de tel ou tel domaine. Pourtant, certains urbanistes se spécialisent ! Urbanisme opérationnel (lié aux projets urbains), conception d'études urbaines ou de documents de planification, développement local ou économique, habitat, transports, cartographie... Le spectre est large !
6° L'urbaniste ne maîtrise que très rarement le moindre logiciel d'architecture ou de dessin assisté par ordinateur, mais sait – enfin, euh, souvent – réaliser des cartes.
7° L'urbaniste a néanmoins, le plus souvent, une vision moins technique et c'est la raison pour laquelle il se place au cœur du projet urbain, à la croisée de tous les prestataires qu'il coordonne. Dont... les architectes, dont il ne saurait se passer.
Fin de la plaidoirie. A vous de juger ! Et pour prolonger par ailleurs de manière plus soutenue la réflexion, on vous invite également à faire un tour du côté de cet article d'Urbanews.fr : « La conception urbaine en France, une affaire d'architectes ? ».