Lors de cette mission de 11 mois dont 10 à l’étranger, j’étais chargé des programmes aide au développement et santé de l'Organisation de Solidarité Internationale (OSI) Côtes d'Armor - Viêt Nam (CAVN). Cette dernière œuvre depuis plus de vingt ans déjà en faveur de la coopération entre le département des Côtes d'Armor et les provinces de Nghê An et de Hà Tinh, dans les domaines de la francophonie et des relations internationales en plus des deux programmes cités précédemment. Concernant les deux volets dont j’avais la charge, le premier permet d’une part, à des familles en difficulté d’accéder à des micro-crédits à taux zéro afin qu’ils puissent réaliser des micro-projets et ainsi mettre en place une activité génératrice de revenus et d’autre part s’évertue à ce que des enfants issus de familles défavorisées puissent continuer à être scolarisés grâce au versement de bourses de parrainage tous les trimestres. J’ai été plus précisément en charge de la relance puis du développement du programme après une année de négociation qui s’est conclue par la signature d’une convention cadre avec notre principal partenaire local, l’Union des Femmes.
Réunion de travail avec l'Union des Femmes (analyse financière du projet)
Cette relance comprenait un travail de recueil et d’analyses de terrain, de rédaction des fiches micro-projets, de visites au sein des familles ainsi que le développement d'actions de parrainages. Le second volet s’intéresse principalement à l’organisation de missions d’échanges entre des médecins vietnamiens et leurs homologues français ainsi qu’au renforcement de capacité d’un projet humanitaire local venant en aide à des malades atteints de la tuberculose et leurs familles.
En parallèle de cette mission, j’aidais ponctuellement à l’organisation et participais au sein de l’équipe encadrante à l’ensemble des événements francophones organisés par l’OSI CAVN. Cela m’a permis d’être en contact avec les jeunes francophones de Vinh et de passer d’incroyables moments en leur compagnie (notamment à Noël ou lors de la fête de la francophonie).
J’ai vécu une magnifique expérience au Vietnam. Professionnellement tout d’abord, parce que c’est ça que j’étais venu faire avant tout mais aussi, voire surtout avec du recul, humainement. Au niveau professionnel, il m’a fallu un mois complet pour prendre la mesure de ma mission et enfin me sentir à mon aise. Au début, on n’arrête pas de se poser des questions, d’interroger nos référents, encore plus à l’étranger où il faut prendre en compte les différences culturelles qui existent, il faut être sûr de ce que l’on fait pour ne pas faire d’erreur dans la manière de se présenter, d’échanger ou de demander des choses à nos collaborateurs. Une fois à l’aise, j’ai pu mener mes différentes missions de manière très autonome tout en étant très bien accompagné par les membres de notre petite mais incroyable équipe. Je pense que le service civique offre un cadre idéal pour se tester professionnellement et humainement, en équilibre. Cette liberté m’a permis de découvrir une ténacité, une détermination à obtenir ce que je voulais lors de négociations avec nos actuels ou potentiels partenaires.
Concernant la notion de « sens » et toujours en accord avec ma volonté d’aider des personnes grâce à mon travail, les premières semaines, rencontres et lectures des dossiers sur les familles ont joué un rôle décisif. Il faut savoir que les deux provinces d’actions de l’OSI CAVN comptent parmi les plus pauvres du pays et le programme dont j’étais en charge était à destination des familles les plus défavorisées de ces provinces, le sens de ma mission était donc tout trouvé. Il n’était plus question de simplement faire son travail, il était essentiel de le faire ! Conscient et sur-motivé, il n’était plus envisageable pour moi de me plaindre de quoi que ce soit, aucune difficulté ne devait avoir raison de ma motivation et de la nécessité de répondre aux besoins de ces familles du mieux possible. Le travail que je devais réaliser allait être le plus utile qu’il m’ait été donné de faire ! Les visites que j’ai pu faire dans les différentes familles, que ce soit pour la mise en place d’un micro-projet ou pour les dossiers de parrainages m’ont fait totalement relativiser sur les « problèmes » que nous avons dans nos vies occidentales. Le courage, la détermination mais aussi la fierté dont ces familles vietnamiennes font preuve tous les jours malgré leurs situations, parfois dramatiques, m’ont rendu nettement plus humble, conscient de ma chance.