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Parcours d'entrepreneurs #1 / Epigenie / Epicéa

Par Le 15/02/2017

Parcours d'entrepreneurs

Le grand saut. Après une expérience en entreprise, ils se sont lancés dans l'aventure de leur propre entreprise, personnelle ou/et collective.

Associés, entrepreneurs individuels ou autoentrepreneurs, depuis plusieurs années ou seulement quelques mois, leur entreprise, tous l'ont en revanche imaginée, créée, et nous livrent leurs retours.

A travers ce volet inaugural de nos interviews, deux explorateurs, chacun dans leur domaine, Johann Laskowski, architecte-paysagiste créateur d'Epigénie, et Loic Lorenzini, consultant développement durable pour Epicéa, nous plongent au coeur de leur nouvel élan professionnel.

 

Johann Laskowski | Epigenie

Johann LASKOWSKI

Architecte-paysagiste | aménagement agroécologique des territoires | Epigénie | Création janvier 2016

Loïc Lorenzini

Loïc LORENZINI

Consultant territorial | développement durable | EPICEA | Création en 2009

Entrepreneurs, vous l'êtes pourquoi ? Quelles ont été les motivations à votre création d'agence ? Y a-t-il eu un déclic ?

Sans avoir jamais eu la prétention, le courage ou la culture d'entreprendre je l'ai fait par convictions, pour moi et pour d'autres. Je disais encore il y quatre ans que je ne serais pas à compte, que d'avoir sa boîte était plutôt un engagement périlleux dans notre métier de paysagiste. Mais, vu les relations humaines existantes dans les agences - rarement heureuses, et au vu de la difficulté de s'épanouir dans un métier qu'on aime en tant que salarié, j'en suis arrivé à me séduire par l'idée de créer mon entreprise. Cette envie provient de plusieurs évolutions personnelles et professionnelles.

En 2012 déjà, en tant qu'enseignant, je me rends compte que pratiquer ce métier peut se faire avec intégrité et collaboration, en intradisciplinaire ou en pluridisciplinaire. Ensuite, en 2014, avec de multiples formations sur l'écologie, l'environnement et les alternatives aux pratiques polluantes dans les paysages, je découvre que l'évolution des pratiques a encore du chemin à faire et que c'est très lent.

En juin 2015, c'est en participant à une formation au centre agro-écologique des Amanins dans la Drôme que le déclic arrive toutefois réellement. C'est une formation ''Créer son éco-projet''. Je m'y rends avec le projet d'être embauché par une entreprise de jardins, désirant développer une démarche environnementale, et avec qui je suis en négociation d'un nouveau poste.  Mais au fil des rencontres avec les autres participants, des sujets découverts grâce aux formateurs, c'est en fin de compte tout un monde qui s'ouvre à moi. Je découvre que partout en France émergent des projets d'agriculture localisée, de centres de formation agro-écologique, de création de nouvelles ressources, etc. Et c'est en comprenant que tous ces projets doivent aborder sérieusement un ancrage intelligent dans un territoire, que j'en viens à me dire que j'ai des compétences à mettre à disposition de ces porteurs de projets et que d’entreprendre pour les accompagner aura tout son sens pour moi. L'idée est donc à ce moment-là de créer une entreprise, d'être indépendant pour faire du conseil, de la conception et de l'accompagnement de privés avec qui je partage des convictions environnementales, sociales, pédagogiques et culturelles.

On devient entrepreneur avec un projet, un service ou une plus-value à vendre, et puis parce qu’on aime les rencontres et les rapports humains. Mes motivations principales étaient la construction d’un service avec le client et l’envie d’organiser ma production de travail.

Comment s'est créée et propulsée votre activité d'entrepreneur ? Choix anticipé ou non ?

J'ai officiellement créé mon auto-entreprise le 5 janvier 2016. Par contre, le projet de créer cette petite structure, de l'imaginer comme un outil de travail personnel et flexible, c'est en janvier 2015 que je l'ai écrit. L'idée, le nom, le pourquoi et même le logo étaient créés le 11 janvier ! Mais, il me manquait tout de même la cible. Je n'étais pas convaincu de vouloir entreprendre comme tous mes amis paysagistes indépendants. Je n'étais pas vraiment séduit par l'idée de faire de la conception pour les particuliers ou même de répondre à des appels d'offres pour des gros porte-feuilles. J'ai donc continué de chercher du travail, de me former et d'enseigner ponctuellement. La création de l'entreprise s'est faite car je suis allé dans la Drôme, que j'ai découvert une nouvelle dimension possible à mon métier et que j'ai gardé des contacts, qui certains sont aujourd'hui des clients.

Johann Laskowski | atelier

J’ai quitté mon job parce que la structure qui me salariait n’avait plus de projet global. J’ai rencontré des professionnels du secteur, des structures de création d’entreprises.

Une personne m’a dit « si tu penses que c’est le bon moment pour le faire, alors fais le au risque de le regretter ». J’ai cru en mon projet, je me suis lancé avec un marché en cours de signature.

Par quels chemins, obstacles, embûches êtes-vous passés, entre la création de votre entreprise et ce qu'elle est aujourd'hui ?

La plus grande difficulté fut d’accéder à la commande publique ; il est difficile de prétendre au marché sans référence propre, c’est un problème récurrent.

Dans un tel système l’accès à la commande publique a constitué un défi et nous a nécessité d’élaborer une stratégie dans les choix des marchés et la constitution des équipes. De plus les dossiers de candidature nécessitent de composer des équipes importantes, ce qui nous demande un temps d’investissement conséquent.

Le plus compliqué est de tout gérer de front, communication, commercialisation, production, gestion… Le rapport commercial est quelque chose qui n’a rien d’évident au début. On a tendance à en faire plus que demandé. On apprend progressivement.

Le manque d’innovation des collectivités dans la rédaction des marchés publics est clairement un frein. Là où il est nécessaire de faire preuve d’innovation, la plupart des collectivités, pour des tas de raisons légitimes, en restent strictement au réglementaire.

C’est aujourd’hui très compliqué pour des consultants de répondre aux marchés publics qui sont très exigeants et participent d’une logique de concentration des moyens.

Quel est votre regard actuel sur l'acte d'entreprendre ? Etre entrepreneur associé et voir le tout de l'intérieur, cela a-t-il changé votre vision de l'entreprise ? 

Pour l'instant ce n'est que quelques mois d'activités, j'ai très peu de recul. La création à été simple même si c'est effectivement beaucoup d'administratif. Mais sur cet aspect là je trouve qu'avec un minimum d'organisation ce n'est pas si compliqué, on s'en sort. Pour le statut de micro-entreprise, j'entends tout et n'importe quoi. Il n'est pas toujours bien adapté et j'ai le sentiment que certaines activités ne correspondent pas à cette manière d'entreprendre. Pour ma part, n'ayant eu besoin de faire aucun investissement matériel, ayant pu faire une transition avec mon indemnisation chômage, je suis content d'adopter ce statut. À voir dans la suite des événements, quand j'aurai payé mes premières charges et autres taxes...

Je n’avais pas de vison établie de l’entreprise. J’y ai découvert de la liberté, avec ce que cela comporte de devoir. C’est aussi de la combatitivité, de la force morale au quotidien. C’est dommage que le marché soit structuré ainsi, on y perd en qualité de réflexion.

A votre idée, quel est l'avenir, les perspectives d'évolution de votre activité, et vos espoirs ?

Réussir à être plus visible !!!! C'est mon objectif. Je compte sur mes actions auprès d'associations et de centres de formations pour continuer à me faire connaître dans le domaine de l'agriculture alternative, de l'agro-écologie et de l'agriculture urbaine. Je vais développer une méthode de conception pour l'implantation d'activités paysannes dans les territoires. J'aimerais l'enseigner et le présenter, de manière à que cela intéresse des porteurs de projets. Je suis aussi intégré à un collectif d'agriculteurs urbains sur Paris depuis peu, à voir comment ça évolue. J'ai surtout l'espoir de continuer à concevoir pour des projets qui ont du sens, à faire de la conception, des rencontres sur site et des réalisations (plantations, renaturation de rivières,...).

Je me suis tourné vers les entreprises privées. J’ai réussi à décrocher un 1er contrat, mail il n’y a encore rien d’acquis.

En tout cas c’est très intéressant de travailler avec le secteur privé sur des questions habituellement davantage du ressort des collectivités : le développement territorial, la concertation, l’intérêt général. J’espère pouvoir développer avec les entreprises le volet territorial de la RSE.

Et, pour finir, qu'avez-vous envie de transmettre aux professionnels en herbe - et en crayons - qui hésiteraient à se lancer dans le choix de l'autoentrepreneuriat ou de l'entrepreneuriat ?

 Que l'essentiel n'est pas de savoir si on veut être salarié ou indépendant.

Si on aime son métier, qu'on a une vision passionnée de sa pratique, je conseille d'être vigilant sur notre quotidien professionnel. Je dis ça dans le sens de l'amour du métier. Si on aime son métier, cherchons a ne pas faire de concessions face à ce qui peut le gâcher. Il ne faut pas s'engourdir dans son métier si on l'aime, en évitant de le pratiquer seulement pour payer ses dettes ou préserver un confort carriériste... ce n'est que ma façon de voir le travail. 

De s’accrocher, de croire en sa valeur ajoutée, tout en restant lucide. La patience est aussi une vertu dans l'entrepreneuriat.


 

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Loïc Lorenzini

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