Mon projet professionnel initial était d'être ingénieur environnement (gestionnaire des espaces naturels). Mon postulat depuis le départ était de faire des formations professionnelles avec des stages opérationnels en lien avec la nature et l'environnement, mais ce n'était pas encore très clair dans mon esprit.
Mon tout premier stage, je l'ai obtenu par le biais de mon école, lors de mon BTS en Gestion et Protection de la Nature, qui portait sur l'étude de la raréfaction du lapin de garenne en milieu insulaire et son impact sur les espèces patrimoniales. Au final, cela a donné un stage très technique, mais qui m'a permis de poser les premières pierres dans mon esprit quant à ce que je souhaitais.
Pour mon second stage (lors de mon DUT en agronomie), je cherchais à avoir une expérience faisant le lien agriculture/espaces naturels. Après de nombreuses demandes et de la persévérance, j'ai trouvé un stage qui consistait à faire une mini étude d'impact d'un projet de travaux pastoraux sur le territoire d'une Réserve Naturelle Régional en montagnes. Ce fut une expérience très riche.
Mon troisième stage, pour ma licence professionnelle, a été bien plus facile à trouver. Je n'ai fait que trois candidatures, mais très ciblées. Résultat, j'ai trouvé dès ma première demande. Je devais mettre en œuvre des fiches actions sur un site Natura2000 (partenariats, réseau de données et études faunistique).
Mon quatrième stage, lors de ma maîtrise en urbanisme, a été en alternance. Il portait sur de la cartographie et de l'agronomie, dans le cadre d'un projet de sauvegarde du patrimoine viticole à l'échelle d'une Communauté d'Agglomération de 250 000 habitants. Ce stage m'a permis de voir une autre échelle territoriale et démographique.
Mes deux derniers stages ont été réalisés dans le cadre de ma dernière formation, le diplôme d'ingénieur en aménagement de Polytech'Tours (anciennement le CESA). J'y ai fait un stage de groupe (partir 3 mois avec 4 étudiants de ma promotion sur un thème donné et en collocation). Ici, il s'agissait de faire une proposition de projet de service communautaire intercommunal dans un territoire rural (pôle petite enfance, enfance et jeunesse). J'ai saisi l'opportunité de travailler sur quelque chose de complètement différent. Finalement, en dernière année, grâce au réseau de l'école j'ai pu faire le stage en adéquation avec mon projet professionnel : la rédaction d'un plan de gestion d'un espace naturel sensible. Celui-ci a eu pour but de concilier usage anthropique et protection de la biodiversité.
Enfin, mon dernier stage qui est en cours, mais que je classe comme un emploi est celui que je fais actuellement au Québec. Je suis conseiller en aménagement intégré du territoire dans une firme qui travaille, entre autres, pour les municipalités, les MRC et les Parcs. Au niveau administratif, j'ai un permis de stage de coopération internationale de 12 mois délivré par le gouvernement canadien. Toutefois, dans les faits, l'entreprise, l'équipe et mon supérieur hiérarchique me voient comme un employé à part entière. De manière générale, un stagiaire en Amérique du nord est considéré comme un futur employé potentiel et cela se ressent dans le comportement des professionnels qu'on côtoie. Ils sont plus indulgents et me laissent du temps pour apprendre, m'imprégner et m'adapter. Hormis la langue et grosso modo, le système de l'aménagement et l'urbanisme qui est inspiré de la France, le Québec reste une province à la culture nord-américaine et donc avec un fonctionnement et des modes de pensées totalement différents du vieux continent. Mon stage là-bas, je l'ai trouvé à la façon nord-américaine, c’est-à-dire grâce aux réseaux et aux nouvelles technologies (LinkedIn et Skype). D’aussi loin que je me souvienne, le Québec m'a toujours intrigué et attiré. Ainsi, si on ajoute à cela les difficultés économiques actuelles en France, il est certain que j'ai sauté sur l'occasion de voir autre chose. Réaliser ce rêve, qui n'est pas une petite entreprise, m'a demandé un peu plus de six mois de préparation de recherche d'emploi (car il faut comprendre et connaître leur marché) et six mois de plus pour faire les démarches. Cela a démarré à l'été 2014 pour me retrouver dans l'avion pour un aller-retour de prospection d'un mois en février 2015 (rencontres programmées de plusieurs professionnels) et avoir mon permis de travail en juin 2015. Plus précisément, j'ai trouvé les coordonnées de mon employeur actuel grâce à sa fiche Linkedin. Nous avons échangé par mail et Skype une première fois en novembre 2014. Cette personne était un aménagiste français qui a immigré voilà 15 ans au Québec. Il m'a suggéré de venir sur place rencontrer des employeurs si j'étais vraiment intéressé pour y travailler. Cela me permettait au passage de le rencontrer lui et son DG. En effet, il m'a dit que c'était rare qu'un employeur québécois prenne le risque de collaborer avec un travailleur étranger en planification, aménagement du territoire et urbanisme (équilibre de marché et législation différente) sans le rencontrer. Le grand intérêt de venir sur place est que les nord-américains ont un véritable don pour sentir et juger les personnes au feeling et à la confiance, tout fonctionne comme ça ici. Cela a en outre démontré ma réelle motivation pour travailler pour eux. L'aménagiste m'a également souligné les très bonnes perspectives du marché pour les années à venir au Québec. Ainsi, lors de ma venue en février 2015, un premier entretien s'est fait dans un bar. Il s'agissait de voir si le contact se faisait bien. Ensuite, ils m'ont proposé un second rendez-vous (deux semaines plus tard), dans les locaux de l'entreprise. À ce moment-là, on a discuté plus concrètement de mes compétences, des services de l'entreprise et de l'intérêt d'une collaboration entre nous. Après des discussions et des négociations, je suis reparti avec un accord verbal et nous avons lancé la procédure. À l'heure où je vous écris ces lignes, je suis au Québec et j'entame mon 8e mois de stage.
En somme, même si je n'en n'étais pas conscient au départ, je savais quand même ce que je voulais faire au final. J'ai donc fait mes choix et mon parcours de stage en fonction des difficultés rencontrées et des opportunités, en gardant comme fil conducteur la prise en compte des espaces naturels dans les différents champs de l'aménagement du territoire.