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Parcours de stages #4 / Annaëlle / Martin Bedier / Paul Naassan

Par Le 09/02/2016

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Premier pas dans l'entreprise et dans la pratique de son métier, tout stage est également un premier pas dans l'entame et le choix – anticipé ou pas - de son parcours professionnel.

A travers une série d'entretiens à publier entre janvier et mars, 20 jeunes professionnels - urbanistes, architectes, paysagistes, professionnels de l'environnement ou des transports - livrent leurs impressions sur leur parcours de stages, et les enseignements qu'ils en ont tirés. Tous, pourtant d'horizons, de parcours différents, ont été livrés aux mêmes questions, afin d'en retirer leurs retours d'expériences personnels, leurs entretiens peuvent ainsi être lus de manière croisée afin d'enrichir notre propre connaissance de cette "nouvelle génération" d'urbanistes... et en retirer des enseignements prolixes si l'on fait partie de la prochaine !

De quoi découvrir les impressions et les idées de jeunes urbanistes, de paysagistes, d'architectes, de cartographes et professionnels de l'environnement sur leur métier et leur toute jeune expertise. Annaëlle Warion, jeune professionnelle de l'habitat, Martin Bedier, paysagiste issu d'AgroCampus Ouest, et Paul Naassan, diplômé du Cycle d'Urbanisme de Sciences Po.

 

Annaelle

Annaëlle 

urbaniste, pro de l'habitat

Martin bedier

Martin BEDIER 

paysagiste

Paul Naassan

Paul NAASSAN 

urbaniste des transports

Quel a été ton parcours de stages ? Peux-tu nous le présenter ?

Alors, pour ma part, j'ai réalisé 4 stages en tout, dont 2 en urbanisme. Je vais parler de ceux là puisque c'est sur ce domaine que l'enquête porte.

D'abord, j'ai fait un stage de M1 de 3 mois dans un syndicat d'études de SCoT à Arras. Ma mission portait sur le suivi du SCoT assez général. Je devais interviewer des chefs de projets SCoT pour voir quelles avaient été leur démarche de suivi, puis à partir de là, créer une liste d'indicateurs précis pour permettre de savoir si les objectifs de SCoT était bien atteints. Ce stage m'a surtout permis de voir comment fonctionnait ce type de structure et comment interagissaient les acteurs entre eux, car j'ai assisté à beaucoup de réunions, de rendez vous (j'ai été bien intégrée à l'équipe, je garde toujours contact avec certaines personnes)... Comme le syndicat en question n'était pas l'organisme qui rédigeait le SCoT lui même, j'avais parfois du mal à comprendre son rôle, qui était plus  de l'ordre du 'portage politique'. C'est pourquoi en M2, j'ai voulu faire un stage plus opérationnel. J'ai trouvé un stage en Opération Programmée de l'Amélioration de l'habitat, et j'ai été embauchée à la fin de ce stage. Ici, idem, j'ai eu la chance d'être bien encadrée. J'ai assisté le chargé d'opération dans un 1er temps, puis à la fin de mon stage je l'ai en grande partie remplacé sur l'OPAH en question, car il a été amené à travailler sur d'autres marchés. Donc au début, j'ai commencé par travailler sur la partie technique (visites de logement, évaluation...), puis petit à petit, j'ai travaillé aussi sur le coté animation (tenue de permanence, rencontres et réunions dans l'OPAH...).

Le parcours de stage auquel j'ai été confronté est assez important. Nous avons la chance au sein de notre cursus à Agrocampus-Ouest - INHP de pouvoir réaliser chaque année un stage, dans des structures différentes et à des fonctions diverses. J’ai réfléchi au déroulement de l’ensemble de mes stages, de façon à ce qu’ils se complètent dans un but de formation la plus globale et pertinente possible.

Je suis donc parti au Royal Botanic Garden d'Edimburgh en première année pour réaliser mon stage ouvrier d'un mois,

Ma deuxième année, étant intéressé particulièrement par le bureau d'étude, je me suis dirigé trois mois vers la société Loup & Co Outdoor Luxury basée à Paris (jardins particuliers de luxe). J'y ai approfondis mes connaissances techniques de façon très importante, développé la notion de projet et appris à utiliser les logiciels d'informatique.

J'ai eu la chance d'effectuer pendant un an un double-diplôme à la Fachhoschule Weihenstephan Triesdorf à Freising en Allemagne. Fort de cette année-là, une expérience dans une agence Allemande s'imposait à moi. La sphère publique comme domaine d'action et de travail m'intéressait de plus en plus et je suis donc allé 4 mois au sein de l'agence Breimann & Bruun à Hambourg.

Agrocampus-Ouest - INHP nous permettant de réaliser une année de césure entre nos Master 1 et 2, j'ai pris une année afin d'approfondir mes compétences professionnelles. Intéressé par l'aménagement de l'espace public toujours. Je suis donc parti 6 mois à Nantes au sein de l'agence Phytolab. J'ai élargi de façon notable mon champ de compétences et mes connaissances dans le milieu de paysage.

A la suite de ce stage, je suis monté à Paris chez Arpentère pour 6 mois également. L'agence était beaucoup plus petite que celles dans lesquelles j'avais pu travailler auparavant et j'ai donc eu à prendre des responsabilités beaucoup plus rapidement..

Bien évidemment, l'ensemble de ces stages réalisés a également participé au développement de mon réseau de collègues et de partenaires dans le domaine du paysage.

J’ai fait plusieurs stages en agences d’architecture et post-sciences po j’ai fait mon stage de fin master à la RATP.

Par quel simple mot résumerais-tu ton parcours de stage ?

Pour résumer, je dirais que mon parcours de stage a été 'progressif', puisqu'on m'a confié un peu plus de responsabilités au fur et à mesure.

Opportunités. Au cours de nos stages, nous avons la chance d'être lancé sur des projets et différentes missions, en quelques sortes des opportunités qu'il faut savoir bien saisir afin de compléter au mieux notre formation.

Imprévisible  

A quelles missions as-tu été confronté(e) ? A quel degré as-tu été impliqué(e) dans tes missions en tant que stagiaire ?

J'ai toujours veillé à vraiment m'impliquer dans les missions confiées, même pour un stage court et même si je savais que n'allais pas faire ça toute ma vie. Si pour le 1er stage, je sentais que mon rôle n'était pas vital pour la structure, pour le 2ème j'ai tout de suite eu mes propres dossiers à gérer, avec la rémunération et les problèmes liés!

Mes stages ayant été nombreux, j’ai été confronté à différentes missions. De la réalisation de dossiers AVP et PRO à la concertation pour des réponses à concours, j’ai travaillé à différentes échelles de la réalisation d’un projet de paysage. Lors de mes stages longs, de six mois notamment, j’ai pu prendre part de façon plus importante aux projets. 

Lors de mon stage ouvrier  de première année, où j'ai eu la chance de travailler au sein d'un site incroyable et de découvrir le métier de jardinier paysagiste par la maintenance et l'entretien du jardin (notamment des techniques d'élagage et de taille).

Chez Loup & Co Outdoor Luxury, en appui au chef de projet, plusieurs missions de conception et de réalisation de projets m'étaient confiées mais j'allais également un à deux jours par semaine sur des chantiers pour y effectuer du suivi et en tant qu'ouvrier parfois.

A Nantes chez Phytolab J'ai pu pendant une longue période de stage de 6 mois appréhender dans sa globalité à travers différents projets la vie d'un projet, de la commande publique à la garantie de parfait achèvement. J'ai travaillé sur différents dossiers en phases PRO et AVP mais sur une également une étude prospective d'aménagement de ville.

Pour Apentère (Paris) en tant que chargé de projet, j'ai suivi différents projets, travaillé à des échelles plus importantes comme sur la gestion de campus universitaire, l'aménagement de ZAC ou la requalification de zones touristiques délaissées. J'ai de même été confronté pour la première fois à des visites de chantier et des réunions avec des élus dans ce rôle là. C'est dans le cadre de ce stage que j'ai également été amené à monter des dossiers de consultation, répondre à des concours et des candidatures. Ce dernier stage fut ainsi très dense et complet dans la vision et le métier que je m'étais fait  du paysagiste en agence.

De par mon expérience en Allemagne, pour finir, j'ai découvert un fonctionnement différent au sein de l'agence Breimann & Bruun qui m'a accueilli, des phases dans la réalisation du projet également. Mon rôle principal a été de réaliser en tant qu'assistant au chef de projet la réalisation d'un dossier PRO sur une place au Danemark mais en parallèle différentes petites missions m'ont été confiées, me permettant de prendre part à des réponses à concours.

Le marché du travail est tel qu’on demande au stagiaire d’être très impliqué, et le cycle d’urbanisme, qui est très opérationnel te permet de relever des défis supplémentaires.

Le stage consistait a élaborer un diagnostic territorial sur la stratégie du groupe sur les bus en 2025.

Parmi tes stages, lequel t'a été le plus prolifique et pourquoi ?

Parmi mes stages, le plus important a été sans surprise celui de M2 car il a été le plus long, et m'a permis d'enrayer directement sur un 1er emploi.

L’ensemble de mes stages m’a été prolifique. Je n’en ressortirai pas l’un plus que l’autre, car ils m’ont apporté différentes choses. Certains m’ont formé sur le côté plus technique des logiciels, d’autres permis d’appréhender la réalisation et le processus de projet au sein d’une agence, de découvrir l’espace public mais également l’aménagement chez des particuliers, enfin parfois de prendre des responsabilités au sein de réunions ou de par la rédaction et la réalisation de documents.

Le stage à la RATP, c’est le plus long que j’ai effectué et il a débouché sur un emploi.

On t'a suivi(e), supervisé(e) lors de tes stages ? (je veux dire, ton maître de stage, mais également l'équipe pédagogique de ton école)

Oui, j'ai été supervisé pendant ce stage : de près par mon maitre de stage, que j'accompagnais partout au début et à qui je posais des questions sur mes missions. Il m'a laissé petit à petit en autonomie sur ces missions. Au niveau du suivi de l'école, nous avons eu une réunion organisée par notre 'prof de parcours' (celle qui gérait notre spécialité), pour avoir des retours sur ce que nous faisions. Le professeur qui suivait mon mémoire m'avait fait savoir que je pouvais le contacter en cas de problème, mais je n'en ait pas eu le besoin. J'ai envoyé mon plan de mémoire à mi parcours et on m'a reproché de ne pas avoir envoyé carrément le 1er brouillon. Mais honnêtement, à ce stade, j'étais plus préoccupée par le stage que par le mémoire!!

Lors de mes stages, j’ai toujours été très bien supervisé au sein des agences. Mes maîtres de stage ou collègues m’ont accompagné de façon intelligente pour me faire progresser et travailler ensemble afin que ce soit prolifique au mieux pour tous.

Sinon pour ta dernière question, l'équipe pédagogique ne m'a pas aidé à trouver mes stages, juste mon premier stage ouvrier j'avais été chercher dans l'annuaire des stages ouvriers déjà effectués par les anciens étudiants. Le reste de mes stages ayant été trouvés par mes soins.

Pour le suivi, chaque stage donne lieu à un rapport de stage, où nous sommes encadrés par un enseignant. Il permet de nous aiguiller dans la recherche de références ou le cadre de notre sujet. De même, je devrai pour mon stage de fin d'étude choisir un enseignant tuteur de mon mémoire, comme référent de celui-ci.

Je répondais à un chef de projet sur le projet BUS 2025 et je dépendais de toutes les équipes de l’agence à laquelle je travaille pour leurs connaissances du territoire et du mode bus.

Le projet sur lequel j’ai travaillé était très transversal et demandait de fait une collaboration avec les différents corps de métiers de la RATP. De Sciences Po, il y a eu un suivi administratif, mais pas pédagogique, ce n’était pas nécessaire je crois.

Trois enseignements que tu as tirés de tes stages ?

Pour les enseignements tirés de ces stages, je dirais que :

- D'une part, j'ai vu le fonctionnement du privé et du public, les avantages et les inconvénients de chaque type.

- D'autre part, j'ai constaté que l'urbanisme est un sujet tellement vaste qu'on ne peut jamais tout connaitre : par ma première expérience, j'ai des notions en rénovation de logements, mais je ne sais pas comment monter une opération en neuf etc.... C'est à la fois frustrant et motivant!

- Et donc, 3e enseignement, on est très vite catégorisé par ses premières expériences (moi dans l'habitat par exemple) et il peut être difficile de changer de voie ensuite (enfin, c'est mon sentiment)

L’ouverture d’esprit, l’esprit d’inititative et la curiosité comme maîtres mots.
 

Travailler en équipe mais également être autonome.

Des connaissances techniques à toujours enrichir

Et un quatrième enseignement issu de ton expérience allemande ? Je ne parlerai pas de la différence dans le travail entre l’Allemagne et la France, mon expérience n’est pas assez riche pour le dire et avoir un propos juste. Je peux par contre faire remarquer  des différences dans la perception, la valorisation et surtout la connaissance de notre métier par la population, en France les gens ne savent pas réellement qui aménage l’espace public ou les espaces extérieurs et ce qu’est vraiment le métier de paysagiste.

Le jeu d’acteurs dans les réunions, la gestion de projet, la gestion du temps.

Tes perspectives d'avenir, d'évolution après ces stages ?

Niveau perspectives d'évolution, j'ai fait le choix de quitter le domaine des OPAH, car justement, au bout d'un an, je trouvais que j'avais un peu fais le tour et je ne voulais pas faire que du 'technique'. J'ai trouvé un nouveau poste tout récemment, comme chargé d'études urbanisme en bureau d'études. Je reste donc donc le privé, sur des missions plus globales (rédactions de documents d'urbanisme et de diverses études), ce qui correspond bien à mes attentes et à mon profil plutôt 'sciences sociales'.

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Mon objectif est de travailler et vivre dans le domaine du paysage. Développer mon esprit critique et ma vision des choses, des aménagements, des villes, des territoires... Me nourrir d’expériences nombreuses, diverses et variées afin de me former au mieux au sein d’agences, collectifs.

J’aimerais rester à la RATP, mon intérêt  porte surtout sur le transport et les évolutions technologiques. Je pense qu’il y a beaucoup à faire en matière d’innovation en Île-de-France. J'ai été dans une boîte que j’apprécie beaucoup. Mon expérience m’a permis de rencontrer plusieurs professionnels de la RATP avec qui des collaborations sont susceptibles d’être explorées dans le futur proche. 

Imaginons, voire rêvons un peu... Dans l'idéal... Quelles sont les missions ou les organisations pour lesquelles tu rêverais de t'investir ?

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L’idéal: travailler à différentes échelles, planifier et dessiner la ville ou les territoires tout en gardant de temps à autre «les mains dans la terre». 


Le métier de paysagiste nous permet de travailler en concomitance avec une multitude d’acteurs. J’espère pouvoir à l’avenir, exercer ce métier avec passion en allant à la rencontre des acteurs de chaque espace et en croisant un maximum de corps de métier et compétences diverses afin d’enrichir chaque projet.

Pour échapper à une hyper-spécialisation, le métier de consultant m’a paru intéressant au cours de mon stage, suite à des collaborations avec certaines agences de Conseil.

J’estime que mon expérience au sein d’un groupe comme la RATP m’a donné une certaine intelligence générique, applicable dans des domaines d’actions larges et transversaux.

Dans l’idéal, j’aimerais participer à la mise en place d’un réseau de transport public dans des pays du Moyen-Orient qui peinent à avoir des modes de transports subventionnés, fiables et efficaces. J’aimerais occuper des rôles décisionnels dans les politiques publiques de mobilités à l’échelle d’un territoire.

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